LORENZONI Virgile

Formation initiale

• Agrégation externe d’anglais, 2017.
• Master 2 MEEF LVE, Anglais (AMU), 2018. 
• Master Recherche Aire Culturelle du Monde Anglophone (AMU) :
• Mémoire de M2 : Le Human Rights Act, 1998 au prisme de la critique de la droite britannique. Dirigé par V. André.
• Mémoire de M1: The Rise of UKIP: Contemporary Euroscepticism in the United Kingdom. Dirigé par V. André.
• Licence LLCE Anglais, Parcours Traduction et Traductologie (AMU).

Titre de la thèse :

Les thinks tanks conservateurs britanniques et américains dans une perspective transnationale après 1945 : origines, évolution et résistance

Directrices de thèse :

Isabelle Vagnoux (AMU, LERMA), Valérie André (AMU, LERMA)

Résumé de la thèse en français :

Cette thèse adopte une perspective transnationale pour étudier les origines, l’évolution et la capacité de résistance des think tanks conservateurs britanniques et américains après 1945. Elle entend démontrer que ces organisations sont le produit d’une combinaison conjoncturelle, dont l’efficacité non négligeable pourrait potentiellement être contrebalancée par une vulnérabilité accrue aux bouleversements politiques de grande envergure.

La première phase de notre raisonnement consiste à utiliser l’approche morphologique des idéologies pour résoudre l’apparente contradiction entre un modèle organisationnel dont la raison d’être est d’exercer une influence sur les politiques publiques, et le conservatisme, dont les figures tutélaires se méfient traditionnellement des idées et de leur application non organique à la vie de la cité.

Cette approche conceptuelle permet d’expliquer comment, par l’abandon stratégique de la politique de la prudence défendue par Burke, Oakeshott ou Kirk au profit de la promotion d’un conservatisme ayant assimilé des principes néolibéraux, les droites britannique et américaine ont pu se doter d’outils empruntés à leurs adversaires progressistes dans leur croisade pour la liberté économique.

 Ce postulat théorique est ensuite confirmé par une analyse comparée de la montée en puissance des think tanks conservateurs britanniques et américains jusqu’aux « révolutions conservatrices » quasi-simultanées des années 1979-1989, qui met en évidence les différentes stratégies utilisées par ces organisations pour transformer la façon dont s’organisait le débat politique sur les deux rives de l’Atlantique.

Au-delà de la simple comparaison entre États-Unis et Royaume-Uni, cette thèse propose de replacer les think tanks conservateurs au sein d’un espace transnational de circulation des idées néolibérales, matérialisé par l’expansion de réseaux d’influence dont la portée dépasse la simple sphère anglo-américaine.

Cette démarche, qui met en lumière les multiples difficultés rencontrées par les think tanks dans leurs efforts de coopération, ainsi que les évolutions et les mutations que supposent les tentatives de transplantation d’un modèle spécifique de think tank hors de son environnement d’origine, vise à produire une analyse équilibrée de ce qui est alternativement dépeint comme un réseau d’instituts connectés, mais absolument indépendants et non orientés idéologiquement, ou au contraire comme un complot néolibéral.

Enfin, le troisième volet de notre réflexion porte sur les nouveaux défis rencontrés par les think tanks conservateurs, à l’heure où les droites britannique et américaine se caractérisent de plus en plus par leur méfiance vis-à-vis des élites et du libéralisme sous toutes ses formes.

Cette thèse prend ainsi le contrepied des approches téléologiques qui ont longtemps dominé l’historiographie des think tanks conservateurs britanniques et américains, en postulant que ces organisations, issues d’une période de réalignements politiques et idéologiques de grande ampleur, ne peuvent pas survivre telles quelles dans un contexte politique aussi troublé que celui qui les a vu émerger.

Mots clés : think tanks ; conservatisme ; néolibéralisme ; comparatisme ; politique ; influence

Résumé de la thèse en anglais :

This thesis adopts a transnational perspective in the study of the origins, evolution and resilience of British and American conservative think tanks after 1945. It aims to demonstrate that these organisations are the products of a conjunctural combination, whose undeniable efficiency could possibly be counterbalanced by a heightened vulnerability to large-scale political upheaval.

The first phase of our study consists in using the morphological approach to ideologies to resolve the apparent contradiction between an organisational model whose very raison d’être is to influence public policy, and conservatism, whose tutelary figures have traditionally been wary of ideas and their non-organic application to politics.

This conceptual approach helps to explain how, through the strategic disqualification of the politics of prudence defended by Burke, Oakeshott or Kirk and its replacement by the promotion of a particular form of conservatism that had assimilated neoliberal tenets, British and American conservatives were able to use tools borrowed from their progressive opponents in their crusade for economic freedom.

This theoretical premise is then confirmed by a comparative analysis of the rise of British and American conservative think tanks until the quasi-simultaneous “conservative revolutions” of 1979-1989. This analysis underlines the different strategies used by these organizations to transform the way the political debate was organised on either side of the Atlantic.

Beyond a simple comparison between the United States and the United Kingdom, this thesis locates conservative think tanks within a transnational space for the circulation of neoliberal ideas, materialized by the expansion of networks of influence whose reach goes beyond the simple Anglo-American sphere.

This approach highlights the numerous obstacles encountered by think tanks in their cooperative efforts, as well as the necessary evolutions and mutations required in order to transplant a specific think tank model out of its original environment. It thus aims to produce a balanced analysis of what is alternately portrayed as a network of connected, but strictly independent and ideologically neutral institutes, or, on the contrary, as a fully-fledged neoliberal conspiracy.

Finally, the third part of our study looks at the new challenges faced by conservative think tanks at a time when a significant part of both the British right and the American right has become increasingly characterized by their distrust of elites and liberalism in all its forms.

Therefore, this thesis provides an alternative to the teleological approaches that have long dominated the historiography of British and American conservative think tanks, by arguing that these organizations, born out of a period of far-reaching political and ideological realignments, cannot survive unchanged in as troubled a political context as the one that witnessed their emergence.

Keywords: think tanks; conservatism; neoliberalism; comparative studies; politics; influence