Lydia Martin, Pride and Prejudice. Joe Wright Editions du Céfal, Liège.
Le surgissement dans l’univers cinématographique d’un nouveau Pride and Prejudice en 2005 a de quoi surprendre, après le succès remporté en 1995 par l’adaptation télévisée du célèbre roman de Jane Austen Pride and Prejudice (1813). Que va proposer Joe Wright dont il s’agit du premier film ? Une adaptation de deux heures seulement s’avérera-t-elle capable de transmettre la subtilité du texte austenien ? Or, le film, déjà nominé dans quatre catégories aux Oscars, remporte plusieurs prix, récompensant d’une part le travail réussi de l’équipe, prouvant d’autre part combien ce type de production qualifié tour à tour de film historique, film d’époque, costume drama, heritage film, woman’s film demeure ancré dans une conception de films de qualité. Pourquoi un tel engouement, à une époque où les superproductions américaines inondent le marché, où action, suspense et violence semblent être les ingrédients indispensables pour remporter l’adhésion du public ? La représentation d’une Angleterre révolue continue à séduire, et, de surcroît, ces adaptations sont placées au sommet d’une hiérarchie en raison de leur lien avec une source littéraire reconnue, que revendiquent l’équipe de tournage et la campagne promotionnelle des films. Leur vision de l’Angleterre correspond-elle pour autant à celle de Jane Austen ? Difficile de l’affirmer. Les films mettent le passé au goût du jour et se livrent à une re-présentation. L’hypotexte austenien se fait prétexte, et son ambiguïté justifie d’autant plus les écarts et les messages, voire les idéologies, revendiqués par les adaptations.