Visibilisation (EN)

Responsable : Anne Page (PR)

Présentation générale

L’équipe Visibilisation est une nouvelle équipe du LERMA, créée en 2024 pour fédérer les membres, toutes disciplines confondues, qui dans les précédents programmes de l’unité s’intéressaient aux concepts de visibilité/invisibilité dans leurs dimensions historiques et contemporaines, ainsi qu’aux phénomènes de décentrement disciplinaire.

Il s’agit à présent d’étudier comment la notion de visibilisation permet justement de sortir de la dichotomie visibilité/invisibilité qui a dominé les études historiques, sociologiques et politiques sur les minorités, en l’enrichissant de méthodologies plurielles issues de la linguistique, des études visuelles, littéraires et civilisationnelles. La visibilisation permet de s’intéresser, d’une part, aux pratiques, manières, choix et débats qui entourent la mise au jour et la révélation et, d’autre part, aux acteurs et actrices de visibilisation. Il s’agira d’étudier non des résultats (au demeurant très mitigés, lorsque les progrès escomptés ne sont pas au rendez-vous, voire lorsque la visibilité, loin de s’avérer positive, devient au contraire un obstacle) mais bien des processus culturels, historiques, linguistiques, créatifs, par lesquels on peut évoluer de la visibilité vers la reconnaissance du sujet ou du groupe. L’équipe est composée de quatre thèmes, fédérant 23 membres du LERMA ainsi que 14 doctorant·es et jeunes docteur·es. Un séminaire commun en 2024-2025 est consacré à une exploration conceptuelle et méthodologique qui fait dialoguer les savoirs textuels, discursifs, artistiques, poïétiques et historiques et met en relation savoirs et pratiques de visibilisation.

Système, Style, Alterlinguistique (SSA). Responsable Sara Greaves (PR)

Cet intitulé se veut large et interdisciplinaire. Une linguistique de la visibilisation suppose que la langue soit envisagée non uniquement à partir de ce qu’elle montre mais aussi de ce qu’elle dissimule, et qu’elle mette au cœur de ses préoccupations l’individu qui l’utilise et les conditions (matérielles, sociales, psychologiques, historiques, littéraires et politiques) dans lesquelles son discours est produit. Un tel concept implique une alterlinguistique, c’est-à-dire une linguistique stylistique (prenant pour objet d’étude la langue non coupée de ses conditions d’emploi) et poétique (prenant pour objet d’étude la langue créatrice) visant à dépasser la structure et le système interne de la langue pour s’intéresser au sujet qui l’utilise ou l’invente. Une alterlinguistique viserait ainsi à mettre au jour les processus de visibilisation à l’œuvre dans la construction du sujet ou de son objet de création.

En relation notamment avec la linguistique « totale » de Jean-Jacques Lecercle mais pas seulement, l’alterlinguistique vise à mettre au jour les processus de visibilisation à l’œuvre dans la construction du sujet dans et par la langue, processus qui seront envisagés sous un angle dialectique, à la croisée de l’individuel et du collectif. Cet intitulé, « Système, Style, Alterlinguistique », nous permettra à la fois de travailler sur la linguistique formelle, la linguistique du système, considérée ici comme inséparable du style, mais aussi sur la traduction et la traductologie, la littérature, la poésie et l’écriture créative notamment plurilingue, sans oublier la philosophie du langage et les médias sociaux. Il permettra également, par son intégration de la dimension psychique du signe saussurien, qui ne se réduit pas à un acte du sujet conscient, d’intégrer ce qui déborde de la langue, le reste de la langue. D’où l’intérêt accordé à la pragmatique linguistique, mais aussi à la psycholinguistique, à la réception et à la transmission du savoir. Nous approfondirons ici la dimension didactique et thérapeutique de notre ancien thème Langues et langage, du trouble à la thérapie, tout en explorant par le biais de la langue d’autres enjeux psycho-sociaux de notre monde contemporain.

Visibilisation du système de la langue en recherche fondamentale ;

Visibilisation du sujet dans la transmission de la recherche en grammaire anglaise à travers un métalangage co-construit et repensé ;

  • Visibilisation d’une subjectivité dans l’apprentissage de la langue ;
  • Visibilisation et style ;
  • Visibilisation de la langue maternelle ;
  • Visibilisation et (anti)utopie ;
  • Visibilisation et effacement énonciatif ;
  • Visibilisation et données invisibles ;
  • Visibilisation et langues spécialisées ;
  • Visibilisation d’un sujet traduisant ;
  • Visibilisation d’un sujet écrivant (« cut-ups », cartographies subjectives, création plurilingue) ;
  • Visibilisation et l’écriture et la traduction thérapeutique ;
  • Visibilisation et la littérature et la poésie ;
  • Visibilisation et l’entre-deux plurilingue (littérature, poésie, traduction…).

Women and the F-Word : tracing the spectres of feminism in the English-speaking world (and beyond), 19th-21st centuries. Responsable: Marc Calvini-Lefebvre (MCF)

Ce thème rassemble des chercheur·es en histoire, littérature et séries télévisées pour qui le féminisme est à la fois un objet et un prisme. Nous cherchons à explorer les mécanismes historiques, sociaux et politiques, ainsi que les formes culturelles, à travers lesquelles les idées féministes et la mémoire féministe sont passionnément recherchées et transmises, mais aussi farouchement combattues et rejetées, alors qu’elles circulent entre les milieux militants, les milieux universitaires et le grand public, à travers le temps et l’espace. Notre précédent projet sur la résistance des femmes au féminisme nous a amené à concevoir le féminisme comme une présence spectrale obsédante. Nous voulons dire par là que les idées, pratiques et mouvements féministes influencent un large éventail de discours, de genres et d’espaces sans nécessairement être reconnus comme tels. Nous traquons ici ces influences dans quatre grands domaines : la vie des femmes ; l’espace publique (au sens figuré comme au sens littéral) ; les espaces fictifs; et les discours savants.

Pour en savoir plus sur nos activités, suivez notre blog : https://wfw.hypotheses.org/

Projet financé : Sites and Agents of Feminist Memory : A Citizen-Science Project (AMIDEX 2023-2027)

Métaphores du regard. Responsables : Laura Benoît (MCF) et Jean-Louis Claret (MCF HDR)

L’équipe Métaphores du regard cherche à explorer les stratégies et les processus qui permettent à des images de se manifester, tant dans la littérature, la poésie, le cinéma et la société que dans les arts visuels. Le regard que les membres de ce groupe se proposent de porter sur le regard est bien entendu façonné par les travaux de philosophes, au nombre desquels Maurice Merleau-Ponty, Marie-José Mondzain, ou Jacques Rancière, mais il se tourne aussi vers des sources historiques, sociologiques, picturales et artistiques diverses. En se plaçant à la croisée des chemins, ses membres ne rendent pas seulement hommage à l’ouvrage que Jacques Darriulat a consacré à l’éblouissement séminal de la rencontre avec la peinture (Métaphores du regard, essai sur la formation des images en Europe depuis Giotto, Paris : Lagune, 1993) mais étend les investigations à des champs qui, chacun à leur manière, mettent en évidence la nature et les limites du voir. Les intervenants invités dans le cadre des séminaires pourront donc légitimement être affiliés à des domaines aussi variés que les neurosciences, l’analyse du regard des spectateurs, les recherches sur le genre, les études théâtrales et cinématographiques, et les études sur les minorités dont la visibilité reste encore souvent problématique. Qu’est-ce que voir, suffit-il de regarder pour y parvenir, et voit-on vraiment avec ses yeux ? Dans la mesure où il est reconstruit par le cerveau, le regard n’est-il pas toujours ‘métaphorique’ ? Voir semble être une modalité complexe qui sollicite des compétences multiples parfois insoupçonnées et met au travail / en jeu des acceptions politiques, voire sociales. L’utilisation du cadrage, du temps d’écran et de l’accès de certains sujets à la vision des spectateurs dans la photographie, les séries télévisées ou le cinéma seront mis en regard des processus d’accès au sens au théâtre, ainsi que de l’utilisation des rapports entre les textes et les images. Ces questions sont au nombre des interrogations que ce groupe va soulever et auxquelles il va tenter de proposer quelques réponses.

Britaix 17-18. Responsable : Laurence Sterritt (MCF HDR)

« Voir la modernité : soulèvement, dévoilement, révélation. »

Britaix 17-18 explore l’ère moderne au prisme de l’interdisciplinarité, faisant dialoguer les études littéraires et l’histoire, l’édition et la traduction de textes des XVIIème et XVIIIème siècles, l’histoire des minorités religieuses, ainsi que la matérialité des pratiques et la dimension visuelle des publications et des représentations, de la période moderne à nos jours. Pour la durée du nouveau projet du LERMA, et au sein de la nouvelle équipe Visibilisation, Britaix 17-18 se consacrera à l’étude des processus mis en œuvre pour donner à voir, dévoiler, ou révéler l’implicite dans les textes et les images de la période moderne, mais aussi dans ses représentations et adaptations contemporaines. L’étude portera moins sur le visible ou la visibilité que sur le phénomène de rendre visible. Pourquoi et comment soulève-t-on le voile du secret et du non-dit ? Quels sont les facteurs qui président au choix de ce qui est donné à voir, pour qui, et par qui ?

Ces questions seront abordées par le prisme de trois projets :

  • Mapping Multifaith London, programme Hubert Curienco-porté par Anne Page et Tessa Whitehouse (Queen Mary Center for Religion and Literature in English) est un projet de cartographie visant à produire la première représentation visuelle des lieux de culte et de mémoire des minorités religieuses dans le Londres du XVIIIème siècle. Nathalie Zimpfer explore actuellement la possibilité d’étendre ce processus de cartographie des minorités religieuses à la ville de Dublin.
  • Places and Spaces of Devotion c. 1600-1800, co-porté par Laurence Sterritt et Stephen Taylor (Institute for Medieval and Early Modern Studies, Durham University), met en évidence la façon dont les lieux, les espaces et les objets de la période moderne et du XVIIIème siècle tour à tour expriment et suscitent la dévotion. Il s’agit de confronter les façons dont leurs concepteurs et leurs usagers les investissent, se les approprient et, parfois, en subvertissent secrètement les codes et les usages, dans la sphère privée comme publique.
  • Francesca Genesio et Gérard Hugues ont entrepris un travail sur la visibilisation/l’invisibilisation de la révolution américaine à l’écran à l’approche du 250e anniversaire de la naissance des Etats-Unis. Les processus de visibilisation/d’invisibilisation de certains récits identitaires et nationaux à l’écran seront le sujet de certaines de nos rencontres, pour croiser les regards des îles Britanniques et de la jeune Amérique. Les  porteurs du projet entendent faire appel à des collaborations extérieures et se rapprocher de collègues travaillant dans des domaines connexes.

Les projets de recherche de Britaix 17-18 trouvent par ailleurs des applications pédagogiques avec des partenaires internationaux :

  • Un projet de Blended Intensive Programme (Religious Minorities in Early Modern Europe) financé par Erasmus + avec des partenaires de l’alliance européenne CIVIS.
  • Une collaboration entre Ruth Menzies, Sébastien Lefait, Fabien Arribert et Marion Schmid au sein du Master of Science Intermediality : Literature, Film and the Arts in Dialogue à l’université d’Édimbourg.

Enfin, le thème Britaix 17-18 prévoit de clore ses travaux en 2028 avec un colloque international sur la notion de scandale qui permettra de lier les différents travaux sur le soulèvement, le dévoilement et la révélation dans les mondes anglophones à l’époque moderne et au XVIIIème siècle.

Projet financé: “Mapping Multifaith London”, programme Hubert Curien bilatéral Alliance, LERMA, Aix-Marseille Université/Queen Mary Centre for Religion and Literature in English, Queen Mary University of London.

Convention de coopérations internationales : Early-Modern Religious Dissent and Radicalism, Queen Mary Centre for Religion and Literature in English (Queen Mary University of London), Institute for Medieval and Early Modern Studies, Durham University.