Virginia Woolf : L’écriture, refuge contre la folie

Ouvrage collectif de: Jacques AUBERT, Nicolas Pierre BOILEAU, Luc GARCIA, Monique HARLIN, Stella HARRISON, Sophie MARRET, Ginette MICHAUX, Pierre NAVEAU, Michèle RIVOIRE.
Sous la direction de Stella Harrison. Editions Michèle – 2011 – ISBN 978-2-8156-0005-7

« Je suis faite de telle sorte que rien n’est réel que je ne l’écrive » écrit Virginia Woolf (1882 – 1941) en 1937.
Les textes de cet ouvrage, qui réunit psychanalystes et chercheurs en littérature anglaise, éclairent la singularité de l’écriture de Virginia Woolf, écriture si étroitement nouée à son histoire et qu’elle remet sur le métier d’un texte à l’autre.
Virginia Woolf fut violée par ses demi-frères, elle souffrit de la mort prématurée de sa mère, de son père, de sa demi-sœur et de son frère, et elle mit fin à ses jours pendant la guerre.
Les auteurs de ce livre ont cependant pris la position de ne pas tenir Virginia Woolf pour une déprimée, une « victime exemplaire » des théories du traumatisme, mais bien plutôt de cerner sa bataille avec les mots contre une douleur d’existence. La lecture de son œuvre révèle la tâche infernale à laquelle elle s’est livrée et les moyens qu’elle a trouvés pour se protéger de ce qu’elle nomme son « horreur ».
Les textes rassemblés ici suivent l’écrivain à la trace, dans ses écrits fictionnels, autobiographiques, et, particulièrement, dans ses écrits les plus tardifs car c’est là que s’exposent de façon fulgurante son ironie et l’éclatement de son monde intérieur.
N’oublions pas, enfin, que Virginia Woolf – éditrice de Freud avec son mari – fut elle-même traversée par la psychanalyse ; elle en témoigne fréquemment dans son Journal.
Seul le recours incessant à l’écriture donne pour elle consistance à la réalité, « sans le secours d’aucun discours établi », comme l’avance Jacques Lacan du « dit schizophrène » dans son texte « l’Étourdit ». L’écriture de Virginia Woolf témoigne du mystère incessant qu’elle fut pour elle-même sans que l’on puisse ici, toutefois, conclure qu’écrire aura réussi à apaiser sa certitude de « redevenir folle », hantise confiée à son mari dans la dernière lettre qu’elle lui laissa avant de se suicider.

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