PROG C, séminaire “Ce que révèle la Mise en texte”

Quand

lundi 09 janvier 2023    
16h30 - 18h30

Lundi 9 janvier, 16h30-18h30 (MDR 2.44), séance de séminaire transversal, “Ce que révèle la mise en texte”

Guillaume Coatalen (Cergy Paris), « Mise en page des manuscrits anglais de la première modernité : l’espace du sens ».

La mise en page des manuscrits varie considérablement d’un genre de texte à l’autre, et même à l’intérieur d’un genre donné. Si elle obéit à des contraintes pratiques, comme la quantité de papier disponible, la mise en page se plie à des conventions pour la plupart non écrites. Ainsi Jonathan Gibson a pu démontrer que la distance entre la signature et le texte d’une lettre manuscrite était proportionnelle au respect accordé au destinataire de la lettre. En règle générale, l’espace est une marque de valeur, elle peut même inviter la méditation ou le recueillement. Mais quand est-il des cas intermédiaires ? Peut-on envisager une véritable poétique de l’espace du manuscrit, et selon quels critères ?

Clotilde Prunier (Paris Nanterre) : « La mise en texte de la Mission d’Écosse au 18e siècle ».

En 1560, le parlement écossais déclare l’Église catholique romaine hors la loi. Pour faire face à la clandestinité, l’Église catholique d’Écosse organisée en Mission distincte de l’Angleterre en 1653 s’appuie notamment sur des réseaux épistolaires. Tout au long du 18e siècle, la correspondance – tant entre divers membres du clergé en Écosse qu’entre les évêques et le Collège des Écossais à Paris d’une part ou Propaganda Fide à Rome d’autre part – demeure le principal outil d’administration de la Mission.

La mise en texte de la Mission d’Écosse commence donc par la rédaction de lettres qui sont avant tout un outil d’information. Elles deviennent par la suite le matériau primordial de l’écriture de l’histoire de la Mission au 18e siècle, écriture qui donne à son tour lieu à une double mise en texte : l’une, « formelle », consiste à transformer la correspondance en récit ; l’autre, « mémorielle » voire « apologétique », indissociable de la précédente, vise à laisser une trace des épreuves endurées par les « martyrs », mais aussi à justifier le clergé séculier catholique d’Écosse. Ces mises en texte, projetées ou réalisées, sont a priori destinées à un lectorat circonscrit, clairement défini selon leur visée, et vouées à circuler uniquement sous forme manuscrite.

Après un court exposé de l’entreprise de mise en texte de l’historien Thomas Innes dans les années 1730, la communication s’arrêtera plus longuement sur l’exemple de l’évêque John Geddes qui, toute sa vie « active » durant (de son ordination comme prêtre à la fin des années 1750 au milieu des années 1790), s’attache à rassembler, (faire) retranscrire et résumer les éléments constitutifs des archives catholiques écossaises – tant en Écosse même qu’au Vatican et dans les Collèges des Écossais sur le continent – en vue de la mise en texte de l’histoire de la Mission.

 La mise en page des manuscrits varie considérablement d’un genre de texte à l’autre, et même à l’intérieur d’un genre donné. Si elle obéit à des contraintes pratiques, comme la quantité de papier disponible, la mise en page se plie à des conventions pour la plupart non écrites. Ainsi Jonathan Gibson a pu démontrer que la distance entre la signature et le texte d’une lettre manuscrite était proportionnelle au respect accordé au destinataire de la lettre. En règle générale, l’espace est une marque de valeur, elle peut même inviter la méditation ou le recueillement. Mais quand est-il des cas intermédiaires ? Peut-on envisager une véritable poétique de l’espace du manuscrit, et selon quels critères ?

Guillaume Coatalen est MCF (HDR) à CY Cergy Paris Université. Il s’intéresse tout particulièrement aux manuscrits et à la paléographie. Il a publié (ou co-publié) avec Bajetta, Carlo et Jonathan Gibson (éds), Elizabeth I’s Foreign Correspondence: Letters, Rhetoric and Politics, (Palgrave Macmillan, 2014), Two Elizabethan Treatises on Rhetoric the Foundacion of Rhetorike by Richard Reynolds, 1563, and A Brief Discourse on Rhetoricke by William Medley, 1575 (Brill, 2018) et avec Birkan-Berz, Carole et Thomas Vuong, (éds), Translating Petrarch’s Poetry: L’Aura del Petrarca from the Quattrocento to the 21st Century, Transcript, 8 (Legenda, 2020). Il achève actuellement une monographie sur la figure du poète dans les pièces anglaises de la première modernité.

Clotilde Prunier est professeur de civilisation britannique à l’université Paris Nanterre. Elle est l’auteur d’Anti-Catholic Strategies in Eighteenth-Century Scotland (Peter Lang, 2004) et a dirigé avec Anne Dunan-Page Debating the Faith : Religion and Letter Writing in Great Britain, 1550-1800 (Springer, 2013). Elle a publié des articles sur divers aspects de l’Écosse du XVIIIe siècle, notamment sur la perception des Highlands, sur les rôles de l’éducation, sur l’anticatholicisme (‘Anti-Popery in Eighteenth-Century Scotland: A Scottish Catholic Perspective’ dans Claire Gheeraert-Graffeuille et Géraldine Vaughan (dir.), Anti-Catholicism in Britain and Ireland, 1600–2000, Cham, Palgrave Macmillan, 2020, pp. 37–53) et sur les réseaux européens – réseaux de correspondance, mais aussi réseaux humains – de la Mission d’Écosse au XVIIIe siècle (‘« Our Countryman, the Bishop of Rodez » : Seignelay Colbert de Castlehill et la Mission d’Écosse’ dans Alain Alcouffe (dir), Seignelay Colbert de Castlehill (1735-1811) Un évêque entre Lumières écossaises et Contre-Révolution, Toulouse, Presses de l’Université Toulouse 1 Capitole, 2022, pp. 199–236)